Santorin, c’est une île volcanique et quand tu arrives au port, ça grimpe comak. Y’a un téléphérique mais maman a voulu monter à pied. Ils sont déjà venus avec papa pour leur voyage de noces. A l’époque, y’avait pas de téléphérique. Ils s’en foutaient, eux, ce qu’ils voulaient, c’était juste rester toujours ensemble et tout seuls. Bon, Santorin, chais pas si c’était la solitude y’a 30 ans, mais ça m’étonnerait. Maman, c’est sur le chemin qu’elle m’a expliqué que pendant 10 ans, ils ont attendu un bébé, qui n’est jamais venu, et qu’à l’occasion d’un autre voyage, à Palma de Majorque, on va aussi y aller, ils ont décidé de m’adopter. M’adopter moi, j’ai demandé ? Ben oui, toi, qui d’autre ? elle a répondu. Maman m’a dit que j’avais été une évidence pour eux, un moment de grâce. Pourtant, ils voulaient plutôt un enfant noir (tu choisis la couleur, très pratique !) mais le jour où ils sont allés pour la première fois à l’association, on leur a parlé de moi, et ils sont tombés in love de ma bouille. J’étais minuscule, il fallait faire vite pour me remplumer, a-t-elle précisé. Alors ils sont venus me chercher à Hanoï. C’est ce que maman dit. Quand j’ai discuté avec Tom (il s’appelle Tom), il était étonné de notre famille. Noir, jaune et marron, c’est le drapeau d’aucun pays. Ouais, on s’en fout. Tom, lui, il dit qu’il est déscolarisé à cause d’une histoire avec un certain David. J’en sais pas plus. Moi, je lui ai dit que mes parents avaient demandé une autorisation au proviseur car ils voulaient que l’Annonce, avec un A majuscule, de mon adoption soit un évènement spécial. Ah bon, m’a dit Tom, tu ne t’en doutais pas (sous entendu à cause des couleurs !). Ben non, pas vraiment !