Dans quelques minutes nous serons au port de Rome : Civitavecchia. J’ouvre de grands yeux au réveil pour saisir toutes les nuances du lever du jour. La mer est d’un bleu différent chaque jour. Ce matin un bleu légèrement flouté, comme les demoiselles d’Avignon de Picasso en un peu plus clair. Je suis chaque matin et chaque soir scotchée devant la beauté du mariage du ciel et de la mer. Les tableaux de Van Gogh ou de Monet ne sont qu’un pâle reflet du spectacle différent chaque jour. C’est une orange trop mûre qui éclate au-dessus de la mer, selon sa fantaisie, pour s’en aller dans les profondeurs de l’horizon. Bon, ne pas lambiner. Je veux profiter du car pour visiter Rome toute la journée. Je vais voir si je peux me joindre à Janet et à ses parents. Elle parle peu mais son père n’a pas l’air triste. Finalement je me retrouve seule dans les rues de Rome et cela ne me déplait pas. Sur les places les fontaines chantent et au cœur des piacettas, quelques notes de musique s’échappent d’une fenêtre et une odeur de fromage me retiennent. Je jette une pièce dans la fontaine de Trevi en faisant un vœu. Je me contente de faire le tour de la place St Pierre et du Colisée, la file d’attente est trop longue pour visiter. Place Navona je m’assois dans l’église des français et j’admire les tableaux du Caravage dans une chapelle. Je me perds dans le quartier de Trastevere. C’est l’endroit bohème, les graffeurs s’en sont donné à cœur joie sur les murs abandonnés. Travail d’artistes. Je resterai bien là longtemps à bavarder avec tous les jeunes installés autour d’une table en plein air. Il fait encore jour et la température est délicieuse. Mais bon, il est temps de retrouver le car et de regagner le bateau.