JANET

Jour 5 : Rome l’unique objet de mon ressentiment… C’est rapport à Corneille. J’en sais pas plus. On était partis pour visiter Rome et au départ, c’était plutôt rigolo. On a pris le car et papa faisait le mariole en déclamant la tirade complète : Rome, l’unique objet de mon ressentiment, Rome à qui vient ton bras d’immoler mon amant, Rome qui t’a vu naître et … On a jamais su la suite. Y’a un gros bonhomme tout de gris vêtu qui s’est pointé vers nous. Il nous a regardés droit dans les yeux, les siens brillants de haine et il a marmonné au nez de papa « toi, le négro, toi, le black, tu vas te taire ! ». Papa, on peut pas dire qu’il blêmit, ni d’ailleurs qu’il rougit, mais on peut dire quand il est en colère. Il a pris le mec par le veston, il l’a fait décoller du sol et il lui a dit : « Pouvez-vous répéter, Monsieur, je n’ai pas bien compris ? ». Maman et moi, on n’avait même pas entendu, heureusement, on a su après. L’horrible bonhomme pour le coup est devenu tout blanc, comme une glace au citron, et dégoulinant pareil. Il  bégayait. Papa l’a tiré jusqu’au chauffeur et il a demandé qu’on arrête le car. En fait, c’est nous qui sommes descendus, on n’est pas allés à Rome, on est retournés à pied jusqu’au bateau, besoin de s’aérer. Et on a beaucoup parlé. Ça fait du bien d’avoir cette famille. On fait des belles couleurs. Et on les emmerde !

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