J’ai gerbé toute la nuit pendant cette traversée jusqu’à Bastia. Mes vieux n’ont pas fermé l’oeil non plus; ça leur apprendra à m’emmener sur cette galère. Ce matin, atmosphère « La croisière s’amuse» au petit déjeuner, version on fait connaissance, on sourit à tout le monde mais par derrière: qui sera mon ami? Qui sera mon ennemi? Bastia: l’air et la terre ferme m’ont fait du bien. A la sortie du port, on se retrouve sur une place avec une statue d’un groupe de mecs munis de fusils à baïonnette… J’ai pas compris l’idée et je m’en fous. Evidemment ma mère nous a traînés visiter toutes les églises et chapelles de la ville. C’est son truc, à elle, les histoires de curés….Mon père, lui, c’est les musées et j’ai eu droit à la visite en règle de celui de Bastia. Il paraît qu’il y a toute la correspondance de Napoléon avec sa meuf. J’ai rien capté en fait et je m’en fous aussi. Si, j’ai compris que Napo, normalement c’est Ajaccio mais Bastia s’est embrouillé, jaloux quoi, et ils ont récupéré toutes les lettres, c’est tout ce que j’ai retenu. Napoléon Bonaparte, c’est pas lui qui a pris la Bastille? Je me mélange grave avec l’histoire…. Bon après toutes ces visites chiantes, retour bateau qui va bientôt partir. Mes parents m’ont enlevé de l’école mais à une condition: que je lise quelques livres choisis par eux-mêmes. Je commence ce soir. Rien que le nom, ça me fait gerber, comme la nuit dernière. Eugénie Grandet, paraît que c’est une histoire de dot….. Au secours le 2ème jour…