JORDAN

17 mai - Athènes 

Je l'ai pas fait; Je me suis dégonflé. Tout était prêt, y avait plus qu'à. Le rancard était fixé, j'y suis même allé. Ils étaient un peu en retard, ou alors c'est moi qui étais en avance. Trop de temps à ne rien faire, c'est pas bon pour le cerveau. Toutes mes idéoïdes* qui flottent et d'un coup prennent vie et me submergent. Du coup, j'ai flippé grave et je me suis carapaté. Evidemment, je me suis pris un savon de retour au bateau. Pour désertion! Alors que je me sentais revivre. J'avais l'impression qu'on venait de m'enlever un énorme poids des épaules. Après tout, est-ce que c'était si grave, ce que j'ai fait? Qu'est ce qui peut se passer si je rentre à Marseille? Je lui dirai, à Charlie, de se garder ses plans foireux, à l'avenir. Je sens à nouveau le sang qui circule dans mes veines, j'ai envie de faire comme quand j'étais gamin : géocardiophonie*, qu'on appellait ça. S'allonger dans l'herbe et écouter l'herbe pousser et les fourmis discuter, la vie déborder de partout. 

Idéoïdes = forme d'une idée avant sa naissance 

Géocardiophonie = le fait d’écouter respirer (ou vivre) la Terre