JANET

Aujourd’hui, on est allés sur une île, pas grand-chose à faire sinon s’émerveiller. Et c’est vrai que le sable est merveilleusement fin, la mer merveilleusement transparente, le ciel merveilleusement bleu, bref, une journée merveilleusement chiante. Papa est resté plongé tout l’aprèm dans son bouquin sur la plage et nous, avec maman, on en a été réduites à arpenter les échoppes. On a fini par retrouver papa qui grillait au soleil. Il avait dégusté, il était rouge comme une tomate. Moi, je bouillonnais, j’étais pressée de rentrer car on avait réservé pour la soirée Moussaka et j’étais impatiente. J’étais prête à 18h30. J’avais saupoudré mes cheveux de paillettes, mais maman me les a fait enlever, merci maman.  Après, ils m’ont fait mariner plus d’une heure. Quand on est arrivés dans la grande salle de restaurant, tous les ingrédients d’une soirée réussie étaient réunis. Y’avait de la musique grecque, une brochette de serveurs et serveuses qui s’activaient pour qu’on ne manque de rien, tout un tas de mezze à volonté et quelques personnes déjà installées, dont un gars de mon âge, enfin, je dirais, plus ou moins. Suis restée concentrée pour qu’il ne s’aperçoive pas que je l’avais repéré. Et en définitive, il s’est approché de moi, mais j’étais tellement impressionnée que j’ai pas réussi à lui dire trois mots d’affilé. Je me suis mélangé les pédales et je suis passée pour une idiote. Chuis dégouttée, bon, on verra demain.