MICKAEL (MICKY)

C’est Boby qui va être déçu mais je suis vraiment fatigué. C’était rigolo au début cette histoire, mais hier j’ai eu franchement faim et pis j’ai eu franchement chaud. Tout est galère sur ce fichu bateau : j’en ai marre de chercher à dormir, à manger et à pisser. Et pis, le cache-cache avec les employés, ça m’a fait marrer les deux premiers jours. Depuis, j’ai dû changer trois fois de canots de sauvetage, deux fois de toilettes et j’ai fait des tours dans des restaurants un jour sur deux. On a repéré ma tête bien sûr. Un orphelin vagabond, ça finit toujours par se faire prendre, me disait Boby. Dur dur de se faire oublier ici. Surtout que tout le monde a l’air bien chic et bien propre sur eux. Y a pas à dire, j’ai beau me laver encore et encore les mains et la figure j’aurai jamais leur genre. J’en ai repéré un autre comme moi. Il est très doué au cache-cache lui aussi mais je sais regarder moi. Je l’ai aperçu hier quand tout le monde était au restaurant. Je n’ose pas aller lui parler. Boby m’a toujours dit de me méfier des gens comme nous. Des mal sapés et des mal nourris. Des gens qui n’ont pas leur place. De ceux qui galèrent dans la vie. Je me demande bien pourquoi il est là. Est-il venu sans faire exprès comme moi, et comme moi, il est coincé maintenant ? Ou bien est-il en fuite de quelque chose ? Ou bien cherche-t-il une meilleure vie ? A-t-il fui, lui aussi, des difficultés ? Je le comprends, moi aussi j’ai voulu me faire plein de fois la malle. Mais l’orphelinat me manque maintenant. Et pis Boby. Et pis les dames qui prennent soin de moi et pis le parc et pis les glaces à l’italienne de Savonne. C’est par où, le chemin de la maison déjà ?

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