JANET

Maman était un peu secouée d’hier, elle voulait pas sortir. Elle disait qu’en Sicile, y’avait plus de racaille qu’ailleurs. Papa l’a rassurée, « tu sais, qu’il a dit, les autres, ils pensent que la racaille, c’est nous. Alors, on se fondra dans la masse ». Mais elle n’a rien voulu savoir. Du coup, on est restés sur le bateau. J’ai un peu traîné dans les coursives. J’ai vu des trucs bizarres, j’avais jamais remarqué avant. D’abord, derrière un canot de sauvetage, j’ai vu une assiette pleine de croissants ; et il y avait aussi une couverture en boule. Ça serait drôle qu’il y ait des passagers clandestins sur ce bateau de luxe ! Je me demande bien comment ça pourrait être possible ? Et puis, aussi, y’a le gars qui s’occupe des cabines, celui que maman dérange pour un oui ou pour un non. Jordan, je crois, qu’il s’appelle. Je me demande bien pourquoi il a jeté un téléphone à l’eau. C’est fou tout ce qu’il peut se passer dans une journée sur un bateau. La nuit, j’imagine même pas.